Dans notre précédent billet, nous vous avons raconté la naissance du FAQDD du point de vue d’une de ses fondatrices, Nathalie Drapeau. À travers son récit, elle nous a mentionné le rôle clé qu’avait joué la première directrice générale de l’organisation, Andrée-Lise Méthot. Il n’en fallait pas plus pour nous lancer sur la piste de cette femme d’exception, ingénieure géologue, fondatrice et directrice associée du premier fonds canadien en technologies environnementales et officière de l’Ordre national du Québec, entre autres hauts faits.
« J’ai un souvenir très heureux de l’équipe de départ. C’étaient des gens qui voulaient vraiment accomplir quelque chose. Que ce soit le conseil d’administration ou notre équipe, il y avait des personnes là-dedans qui étaient vraiment dédiées aux questions environnementales. Elles n’étaient pas là pour d’autres raisons. Même si c’était une jeune équipe très enthousiaste, très visionnaire, elle avait la qualité d’être très rigoureuse ».
– Andrée-Lise Méthot, directrice générale du FAQDD de 2000 à 2002
Rappelons que le FAQDD est apparu au Registraire des entreprises du Québec le 24 mars 2000 et que la convention d’aide financière lui octroyant la gestion de 45 M$ a été confirmée par un décret gouvernemental 5 jours plus tard. En mai, Mme Méthot arrivait aux commandes de l’organisation avec la mission de monter une équipe permanente et de structurer ses opérations.
« Je suis arrivée avec un décret, je n’avais même pas une chaise pour m’assoir. Il n’y avait même pas de compte de banque, rien! », se rappelle-t-elle avec humour.
Une gestion financière durable et responsable
L’un des premiers chantiers auxquels elle s’est attaquée a été d’établir une cohérence entre les valeurs défendues par le FAQDD et la gestion même du fonds qui lui avait été confié. C’est ainsi qu’elle a rapatrié les 45 M$ qui avaient été déposés dans des banques torontoises vers le Québec. Et qui plus est, elle a travaillé avec des institutions qui incarnaient le développement durable, soit Batirente et Fondaction.
Ainsi est née une première politique de gestion financière basée sur des principes éthiques et responsables : « On ne pouvait pas être un fonds en développement durable, travailler avec les écologistes et mettre 45 M$ dans un fonds sans qu’il y ait une pensée ».
Par la suite, les attentes étaient grandes envers le tout nouveau fonds. Les besoins des organismes en environnement étaient criants, et les demandes n’ont pas tardé à fuser. Pour Mme Méthot, il fallait réfléchir en amont à des critères, à des principes et à un mécanisme de redistribution. « J’avais un conseil d’administration tripartite sur lequel il y avait des écologistes, des représentants du patronat et du gouvernement. C’est pas tout le monde qui avait la même vision de ça ». Cette diversité de points de vue l’a amenée à piloter la création de la première programmation du FAQDD, dont le rapport annuel de l’an 1 rend compte en ces termes :
Une petite révolution comptable
Toujours dans cette optique de saine gestion et de rigueur, Mme Méthot a provoqué une petite révolution dans le monde des groupes environnementaux : elle a imposé la remise d’une mission d’examen pour chaque organisation financée. Pour les convaincre du bien-fondé de cet exercice, elle a pris le bâton du pèlerin et rencontré plusieurs groupes qui allaient être financés : « Vous avez une chance en or, on va même mettre un peu plus d’argent, et vous allez vous engager un bon comptable. Ça va vous aider, vous, dans votre organisation ». La première directrice générale du FAQDD est convaincue qu’un des legs de cette période a ainsi été de développer la conscience de la gestion par projet chez les groupes communautaires et environnementaux.
Équipés pour le futur
Avec cette pensée structurée et structurante, assise sur des bases rigoureuses, Andrée-Lise Méthot et le conseil d’administration de l’époque étaient équipés pour gagner la vraie bataille qu’ils avaient décidé de mener : rendre le FAQDD permanent. Ce n’était pas un petit défi, car comme nous le racontait Nathalie Drapeau, la consigne était d’écouler les 45 M$ confiés en trois ans.
« Moi, j’ai appris quelque chose en affaires qui m’est très utile aujourd’hui : il faut accepter respectueusement le mandat qui nous est confié, mais notre plus grande responsabilité, c’est de le faire grandir sur des valeurs fondamentales. »
Force est d’admettre que cette philosophie a bien servi le FAQDD!